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LES ANDROGYNES

prête, sa pipe d’opium, et, fébrilement, il chauffait la pâte d’oubli, s’installait, tirait quelques bouffées libératrices. Peu à peu, le décor changeait, les murs vacillaient : Chozelle remontait au plafond comme un bonhomme peint sur une toile qu’on tire. Des nuages de brume se déroulaient, ainsi que ces anneaux noirs qui, à la fin des feux d’artifice, brouillent les trajectoires des fusées ; puis, tout se dissipait, et l’atelier de Pascal apparaissait lumineux comme à la soirée des confetti. Deux à deux les modèles circulaient, presque nus sous leurs joyaux, étalaient des épaules blanches, des croupes rebondissantes sous la cambrure des reins, des jambes nerveuses, gantées de soie noire, aux fléchettes brodées de nuances vives, aux fleurs jetées comme des baisers le long des chevilles : des baisers grimpants en semis de clématites et de roses.

Nora, la taille prise dans sa ceinture à cabochons glauques, bondit comme un clown, pirouette et se désarticule, une jambe de-ci, une jambe de-là. Puis, sans s’aider des mains, se redresse, et, du bout