Aller au contenu

Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
268
LES ANDROGYNES

comme des clameurs d’oiseau de nuit ; puis, c’étaient des rires gras, des injures, des paroles obscènes que les fenêtres mal closes de quelque bouge leur envoyait au passage. Ils côtoyaient des terrains à vendre, encombrés de plâtras et de détritus, où quelque chat famélique miaulait tristement. Des relents d’abattoir se mêlaient aux relents de misère ; et, de tant de détresses cachées, se dégageait une invincible tristesse, un infini malaise physique et moral.

André ne parlait pas, ayant quelque peine à diriger son compagnon qui s’appuyait lourdement sur son bras. Le brouillard était si opaque que la ligne des maisons se devinait à peine, sans indication de rues.

Chozelle, ayant mis le pied dans une flaque, rompit le silence.

— Un cauchemar cette cité de boue et de suie, ce quartier de meurtre perdu dans la Ville-Lumière !…

— Un cauchemar que nous connaissons trop ! Pourquoi ne pas rechercher des spectacles plus doux ? L’amour du macabre vous jouera un mauvais tour, cher Maître !