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LES ANDROGYNES

— Que craignez-vous donc ?…

— Mon Dieu, madame, le sujet est très affaibli par les veilles, les excès… le travail cérébral, peut-être ; c’est un neurasthénique, un éthéromane… Lorsqu’on nous l’a apporté, il avait le délire, et s’il est calme, en ce moment, il faut s’attendre à une récidive… Voyez, sa main est brûlante, des tics nerveux lui tirent la face…

Fiamette pleurait, n’osant dire à cet inconnu ce qui cependant lui brûlait les lèvres… Elle aurait voulu se caresser l’âme à un peu de pitié, puiser, en l’expérience et la sympathie d’autrui, la force de supporter cette épreuve. Mais l’interne détaillait surtout, en elle, la jolie femme et la femme élégante ; ses sentiments de mâle, instinctivement jaloux, devaient être plutôt hostiles au blessé. Elle le comprit, garda le silence, tandis que l’autre, pour s’attarder en cette atmosphère d’amour, se frôler à cette jupe soyeuse, arrangeait l’oreiller sous la tête d’André, assujettissait les linges qui couvraient la plaie, toujours saignante.

— Ah ! il nous faudra du temps, dit-il, la guérison sera très difficile.