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LES ANDROGYNES

disait Nora. Celui-là, pourtant, je l’ai bien chéri, et jamais je ne lui ai rien demandé… Oui, c’est celui que j’ai le plus aimé, et c’est celui qui m’a le plus fait souffrir !… Garde ton cœur, petite !

— Bah ! répondait tristement Fiamette, mieux vaut encore se donner et pleurer… La vie est trop laide sans amour !…

— Peut-être as-tu raison… et puis, on croit toujours qu’on est aimé, quand même, que les sacrifices amènent la reconnaissance… Il faut mourir pour perdre l’illusion dernière ;… heureusement qu’on ne meurt qu’une fois… On serait si heureux, pourtant, avec un peu de justice et de bonté !

— Ne parle pas, disait Fiamette, le médecin l’a défendu.

— Oui, parce que cela me fait tousser, et que je passerai dans une crise plus forte.

— Je t’assure…

— Oh ! ne cherche pas à mentir… Si tu savais comme ça m’est égal !…

Après un moment de silence, empli de rêveries mélancoliques, elle demandait :

— Et André ?…