Aller au contenu

Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
288
LES ANDROGYNES

heureuse qui s’en allait, jeune encore, ignorante des dédains, des rides et des cheveux blancs.

Fiamette, au bras de Pascal, regagna son petit appartement de la rue Caulaincourt, où une femme de ménage rangeait et nettoyait depuis deux jours, car André, enfin hors de danger, devait arriver le lendemain.

C’est ainsi que se balancent les chagrins et les joies. La mort, sans cesse, étant réparée par la vie, tout se renouvelle et tout s’efface, le cœur, comme la terre, s’ouvre indifféremment aux semences bonnes ou mauvaises, à l’espoir et à la révolte.

— Et, cette fois, dit Pascal, en quittant son joli modèle, garde bien ton amant.

— Ce ne sera pas difficile, soupira Fiamette, André, vous le savez, ne me reconnaît plus… Il vit dans un rêve perpétuel.

— Le rêve a du bon. À ta place, petite, puisque ton ami n’est pas méchant, je ne souhaiterais pas le réveil !

— Mais il est fou !

— Nous sommes tous fous. Il s’agirait