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LES ANDROGYNES

Jacques bâille dans la bergère de soie verte où il s’allonge paresseusement.

— De l’amour ! Toujours de l’amour !… Ah ! mon petit, il faudra changer cela !

— Ne plus aimer ?

— Aimer autrement ; aimer l’être supérieur, l’Androgyne divin qui forme à lui seul un tout parfait.

— Je ne comprends pas.

— La femme, mon enfant, ne saurait nous satisfaire, parce que sa nature inférieure ne répond pas aux aspirations de notre intelligence.

« Notre tempérament d’artiste souffre de son incompréhension, de la brutalité de sa passion, toujours exagérée, en même temps que de sa soumission trop grande à nos désirs. La femme a plus d’instinct que de raisonnement ; elle se rapproche trop de l’animalité.

— C’est sa faiblesse qui fait son charme. Ne sommes-nous pas heureux de la protéger moralement en nous caressant à sa tendresse maternelle ou amoureuse ?… L’homme le plus fort n’aime-t-il point à s’anéantir dans les bras souples d’une maîtresse ?…