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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/58

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LES ANDROGYNES

— Maître, dit André, en rougissant, pourriez-vous m’avancer quelque argent… je suis gêné, en ce moment, et j’ai une maîtresse…

— Une maîtresse ! fi ! Vous n’êtes point, je le vois, dans les idées nouvelles… Les femmes nous déshonorent par leur infériorité physique et morale.

— Pourtant, dans vos livres…

— Oui, j’en mets dans mes livres, parce qu’il faut bien satisfaire le lecteur, qui est aussi un être grossier, mais je n’en mets pas dans ma vie… D’ailleurs, mes femmes littéraires sont des créatures d’exception qui peuvent avoir quelque charme. J’en fais des mortes pensantes, des amantes astrales, pour ainsi dire insexuées, et, dans mes articles, je me venge de cette concession accordée au mauvais goût des foules… Quand vous saurez, vous m’imiterez… À propos, votre habit d’hier vous allait bien… Venez me prendre, samedi prochain, à sept heures. Je vous conduirai à un dîner d’hommes, où quelques arcanes du mystère vous seront révélées…