de l’homme, et rien n’est plus triste que l’effort pour le plaisir…
— Alors, cher Maître, vous partez toujours avant la fin ?
— Presque toujours. Et puis, on me défend les veilles prolongées… J’ai trop demandé à mes nerfs dans ces dernières années ; je suis un détraqué, un neurasthénique… un éthéromane…
Jacques ne parlait pas sans orgueil de ses fatigues, et le mot « éthéromane » fleurissait à ses lèvres comme l’orchidée pustuleuse à sa boutonnière. Il ne remarquait nullement le ton ironique dont le disciple l’interrogeait, et André, comprenant qu’il n’avait point affaire à un psychologue bien subtil, dissimulait à peine.
— Je viendrai demain prendre vos conseils pour le travail dont vous m’avez parlé, cher Maître.
— Ah ! le travail ! il n’y a que cela de vraiment doux dans la vie !… Quand on a vaincu le Verbe farouche, on se sent la même lassitude délicieuse qu’après l’amour.
— Certes, déclara André en riant. Le cerveau, avant le labeur littéraire, est