Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
81
LES ANDROGYNES

André, qui n’avait sur les épaules qu’un mince pardessus d’automne, commençait à grelotter. Il songeait à l’intimité du lit tiède où Fiamette, blottie en rond comme une chatte frileuse, l’attendait. Et, déjà, il croyait sentir sur ses épaules la pression de ses bras souples, et, sur ses lèvres, la douceur de sa bouche menue et fondante, toujours prête au baiser. Il prit congé de Jacques, s’éloigna en fredonnant des vers que Lausanne, le chantre des caresses, venait de lui mettre en musique sur un air de danse :

Valsez, amants que rien ne lasse,
Valsez, au rythme des baisers,
Valsez, amants inapaisés !…
La vie est un baiser qui passe !

Valsez, valsez, la vie est brève…
Mais que vous importe demain ?
Grisez-vous, la main dans la main,
Valsez, beaux amoureux du rêve !

Buvez, étroitement unis,
Le philtre des lèvres démentes…
Faites-vous, au cœur des amantes,
Amants, le plus soyeux des nids !