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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/99

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LES ANDROGYNES

ment parmi les hommes… Il faut bien, quand on ne peut faire autrement, sacrifier au mauvais goût.

Tandis que l’élève travaillait docilement, Jacques, dans sa molle bergère, somnolait avec béatitude.

Les salamandres, sur les coussins, semblaient des joyaux d’ambre et de béryl, les couleuvres se blottissaient en quelque trou. Depuis le matin, la pluie frappait de ses mille petits doigts simiesques les carreaux embués. Une journée d’eau, plus triste que les journées de neige qui, au moins, revêtent tout d’une ouate délicate, couchent les êtres et les choses, comme des gemmes, dans des boîtes capitonnées de velours blanc. Les toits, au moindre rayon, se nacrent ; les gouttières se parent de pendeloques de cristal ; les branches secouent des houpettes emperlées. Par la pluie, au contraire, tout se fane, se décompose, accuse la sénilité des pierres et des arbres, et l’âme aussi perd ses vêtements de rêve, demeure nue devant la réalité.

— Avez-vous écrit ? demanda Jacques au disciple qui pâlissant dans le jour ver-