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SAPHO, DOMPTEUSE

— Bah ! vous avez chacun votre part.

— Je voudrais être seul à te posséder !…

— Tu es trop gourmand !…

— Oh ! Sapho, promets-moi de ne plus jamais reprendre ton ancien métier ?…

Le front de la jeune femme se rembrunissait.

— Ce que tu me demandes là est au-dessus de mes forces. Lorsqu’on a connu la sauvage griserie de la lutte, on ne peut plus vivre loin du danger… Les fauves me donnent des émotions terribles et délicieuses… Un suprême orgueil m’envahit, lorsque j’ai vaincu la bête que personne n’ose approcher. Je me sens presque au-dessus de l’humanité.

— Sapho, cet orgueil te perdra !

— Qu’importe ! si j’ai connu des sensations divines qu’aucun homme ne saurait me donner !

Et Christian s’attristait de sentir, en sa maîtresse, cette sourde rivalité d’amour, ce besoin presque morbide de parade et de triomphe.

Mais elle se jetait dans ses bras, collait ses