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Page:La Vaudère - Sapho, dompteuse, 1908.djvu/19

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SAPHO, DOMPTEUSE

— Tu m’aimes, mon chéri ?… J’étais crâne avec ma panthère noire ?…

— Certes.

— Tu m’as vraiment admirée ?

L’inconnu fait un signe affirmatif, et Sapho l’attire, lascive et câlineuse, — comme avec la panthère, — pose sur les siennes ses lèvres peintes.

— Alors, emmène-moi. Tu me feras une existence tranquille et tendre. Nous serons très heureux, tu verras.

— Je ne puis réaliser ton désir.

— Pourquoi ? demande la jeune femme, inquiète.

Un indéfinissable sourire distend les lèvres minces du visiteur qui ne répond pas.

— J’ai peur de Mirah ! répète Sapho, offerte, en une prière ardente de tout l’être. Et puis, je suis lasse du métier que je fais !…

— Tu es très jeune encore ?…

— Vingt ans, à peine… Mon père était dompteur… Toute petite, il m’exhibait déjà dans les cages… Jamais les bêtes ne m’ont fait aucun mal ; mais Mirah m’aime… tu comprends ?

— Oui, je comprends.