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SAPHO, DOMPTEUSE

— Bravo ! bravo ! cria le public ravi.

Le python dardait toujours vers sa maîtresse sa langue extensible et fourchue, ses regards avaient une ardente supplication.

— Sois sage, Pluton ! fit Melcy, en flattant la tête de l’animal de ses doigts fuselés.

Puis, elle prit sa harpe et préluda par quelques arpèges rapides.

Un chant d’une douceur exquise s’échappa bientôt des cordes vibrantes, une sorte de mélopée qu’elle accentuait de la voix ou laissait mourir en sons cristallins.

Le reptile, dressé sur sa queue, ondulait en cadence, suivant le rythme monotone. Il semblait un immense roseau, balancé par la brise. De légers sifflements se mêlaient aux accords de la harpe, toujours en mesure, comme si le dangereux ophidien eût été vraiment initié à l’art musical.

Pour terminer, Melcy prit avec Pluton des poses harmonieuses, abandonnées, exécuta une danse lente, voluptueuse, aux mystérieux enlacements.

Les spectateurs étaient sous le charme, tant le spectacle avait d’attrait et d’imprévu.