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SAPHO, DOMPTEUSE

Elle éprouverait un cruel plaisir à le bafouer, à se moquer de ses supplications, à lui faire durement acheter les faveurs inappréciables de sa chair vierge, déjà convoitée par tant d’hommes.

Étant rentrée dans la ménagerie, elle parlait à Mirah qui, tendrement, fixait sur elle ses prunelles d’émeraude.

La dompteuse était nue, sous une tunique de soie molle que fermait, sur les épaules et les hanches, un lacet de pièces d’or, réunies les unes aux autres et tombant sur la poitrine en lourdes grappes tintinabulantes. Tous les premiers gains de l’artiste avaient servi à cette somptueuse garniture qui soulevait bien des convoitises.

— C’est ma dot ! disait Sapho, en riant ; le seul argent que j’aie jamais pu économiser !…

Comme les courtisanes de la Voie Sacrée, elle laissait parfois ses seins pointer hors de l’étoffe soyeuse et ses jambes, d’un dessin très pur, apparaissaient à chacun de ses pas.

— Toi, au moins, tu ne me méprises pas, ma