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SAPHO, DOMPTEUSE

— Nous nous sommes bien aimés.

— Un autre amour te consolera de l’ancien. N’es-tu pas courtisée par des hommes riches et aimables ?…

— Oui, mais ils ne me plaisent point.

— Tant mieux ; tu profiteras entièrement de leur penchant pour toi. Dans notre existence de cigales aventureuses, les grandes passions sont fort préjudiciables… Crois-tu que les infidélités de monsieur Nandel me chagrinent beaucoup ?…

— Ce n’est pas la même chose… Monsieur Nandel n’était pas ton premier amant.

— Oh ! le premier amant ressemble au vingtième. Tous les hommes se valent ; l’amour est une lutte où triomphe le plus malin. Seulement, il ne faut pas y faire de sentiment.

Mais les deux amies poussèrent un cri.

La charmeuse de serpents venait de passer dans sa limousine impeccable, accotée aux coussins de satin blanc, et divinement blonde sous son immense feutre noir empanaché de plumes floconneuses.

Razini, également, avait aperçu la courtisane