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Page:La Vaudère - Sapho, dompteuse, 1908.djvu/323

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SAPHO, DOMPTEUSE

que je suis innocent du meurtre dont on m’accuse !… Parle-leur, je t’en supplie !…

Un sourire ironique avait crispé les lèvres du juge.

Au Parquet, comme à la Sûreté, il est de tradition de n’envisager, dans une affaire, que le point de vue criminel, de rapporter au crime tous les éléments, toutes les circonstances qui enveloppent une cause.

Il vient rarement à l’esprit des juges de se dire que tel détail, dans une aventure dramatique, pourrait aussi bien démontrer l’innocence du prévenu que sa culpabilité. Pourtant, Christian protestait vivement, conjurant la mourante de répondre par un signe des paupières ou des lèvres.

Mais la courtisane, plus blanche que les dentelles qui l’enveloppaient, ne remuait plus. Ses yeux semblaient s’être reculés sous les orbites, ses narines se pinçaient sinistrement et, de sa bouche bleuie, ne s’échappait plus qu’un souffle indistinct.

— Melcy ! Melcy ! pleura le comte, en se jetant à genoux devant la couche, tu ne peux