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SAPHO, DOMPTEUSE

Il s’était abêti dans la solitude, était devenu pareil aux animaux de Martial, qui, soudainement poussés en cage, rugissaient et se révoltaient en montrant les dents.

Puis, il était tombé dans la lassitude d’une agitation stérile, dans l’appel d’une agonie qui le délivrerait de ses maux ; sans âme, désormais, navrante épave humaine, dont la bouche desséchée et tuméfiée est prête à tous les aveux, même mensongers, dont le cerveau est prêt à toutes les complaisances exigées par la volonté du juge implacable et tortionnaire.

Lui, aussi, avait appelé Sapho, qu’il se prenait à chérir éperdument, car elle seule lui avait témoigné de la pitié et de l’amour.

 

La dompteuse, après une saison triomphale dans le music-hall parisien, reprenait sa vie vagabonde. Partout, on se pressait, on se bousculait pour la voir. La salle des représentations, ménagerie ou théâtre, était prise d’assaut. Parfois, à l’étranger, la garde à cheval lui était envoyée pour contenir les envahisseurs trop fanatiques.