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Page:La Vie Ouvrière, année 1, 5 octobre — 20 décembre 1909.djvu/25

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Ils se préoccupent avant tout de gisements industriels et de débouchés commerciaux en pays nouveaux ; et cela n’a — en apparence du moins — rien de belliqueux.

Mais il peut se faire que des indigènes répugnent à se laisser pénétrer même « pacifiquement ».

Il faut alors faire appel aux soldats ; et pour cela il n’y a qu’un moyen : « engager le drapeau ».

Certes, théoriquement cela peut paraître assez difficile : il n’y a évidemment aucun rapport entre une expédition dans le Riff et les idées ou les intérêts traditionnels que le drapeau représente. Il est clair que les Kabyles du Gourougou, les Beni-Sicar et les Beni-bou-Ifrour n’ont jamais songé à envahir le « sol sacré » de l’Espagne, qu’ils n’ont point tenté de ravir la « liberté » des fiers Castillans, et qu’ils sont tout à fait hors d’état de venir

Jusque dans leurs bras

Egorger leurs fils et leurs compagnes.

Mais la foule n’y regarde pas de si près. Elle confond volontiers une idée avec son symbole. Elle est habituée à associer l’image du drapeau avec l’idée de sa sécurité. Or le drapeau est aux mains des généraux, lesquels obéissent aux ministres, lesquels sont dociles aux puissances d’argent. Un Etienne homme d’affaires, député, chef de groupe, ancien ministre, est puissant sur la diplomatie française. Un marquis de Romanones, président du Conseil d’administration de diverses sociétés, capitaliste multimillionnaire, ancien ministre des affaires étrangères, une des têtes du parti libéral en Espagne, est un homme avec qui le gouvernement de Madrid doit compter. Il s’entend avec M. Maura, président du Conseil ; sur l’ordre de celui-ci, un général, empressé à conquérir des galons, promène insolemment