Page:La Vie littéraire, I.djvu/164

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pour voisin de campagne. » Il s’entretient avec un socialiste éloquent et entêté : « J’ai trouvé une borne fontaine de phrases. »

Je partage, pour ma part, le goût que M. J.-J. Weiss trouve à la savoureuse éloquence du chancelier. Ce n’est pas, si vous voulez, un bel orateur. — Il manque tout à fait de rhétorique. Mais il a, ce qui vaut mieux, l’image soudaine et l’expression vivante. Voici un exemple, pris entre mille, de cette causerie imagée qui lui est naturelle.

C’était au début de la session de 1884-1885. Plusieurs députés avaient déposé une proposition tendant à allouer aux membres du Reichstag une indemnité pécuniaire, à l’exemple de la France, où les députés comme les sénateurs reçoivent, on le sait, un traitement. C’est là une disposition démocratique. Comme telle, elle devait déplaire à M. de Bismarck, qui y fit en effet le plus mauvais accueil. Il la considéra comme inspirée par les socialistes du Parlement et, non content de la combattre, il se donna la satisfaction de combattre ceux de qui elle semblait émaner.

Il leur reprocha d’attaquer tous les systèmes de gouvernement sans avoir eux-mêmes un système à proposer. « Ils étaient six avant les élections, dit-il. Ils sont douze aujourd’hui. J’espère bien qu’ils seront dix-huit à la prochaine législature et qu’ils s’estimeront assez nombreux alors pour porter leur Eldorado sur le bureau de la Chambre. Alors on connaîtra