Page:La Vie littéraire, I.djvu/186

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goûte le frisson et les affres avant d’y être entré. Le crépuscule de la jeunesse est l’heure la plus mélancolique de la vie. Il faut du courage ou de l’étourderie pour le passer sans trop rechigner. M. Coppée n’est point un étourdi, pourtant il ne rechigne pas, et, s’il lui échappe quelque plainte, on y sent autant de résignation que de tristesse. C’est un moment à passer. Il est probable que, quand on est vraiment vieux, on ne s’en aperçoit pas. Du moins, on n’en avise pas les autres. M. Coppée verra cela plus tard. Je n’espère pas le consoler en lui disant que nous le verrons ensemble. Arrière-saison forme comme les Élégies de Parny ou l’Intermezzo de Heine, une sorte de roman d’amour très simple et d’autant plus intéressant. L’héroïne en est une jeune ouvrière, mise en apprentissage à seize ans,

Qui rentrait à la hâte et voulait rester sage.

Mais fille du peuple, sans mère et sans foyer, elle n’évita point ce qui ne pouvait être évité.

En mai, sous le maigre feuillage,
Chantaient les moineaux des faubourgs.
N’est-ce pas ? le vague ennui, l’âge ?…

Qu’importe le passé ? Elle est « douce, triste et jolie ». Il est « tendre et clément ». Ils s’aiment. L’été, ils vont ensemble à la campagne. Elle prend

Sa robe la plus claire et sa plus fraîche ombrelle.