Page:La Vie littéraire, I.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beaucoup que pour ceux qui les aiment bien. Je promets à ceux-là un plaisir digne d’eux s’ils lisent la Lampe d’argile, de M. Frédéric Plessis. J’entends, par aimer bien les vers, en aimer peu, n’en aimer que d’exquis et sentir ce qu’ils contiennent d’âme et de destinée ; car les plus belles formes ne valent que par l’esprit qui les anime. Que ceux que aiment ainsi les vers lisent le livre de M. Frédéric Plessis. Ils y embrasseront la plus heureuse partie d’une vie, la fleur de quinze années d’études, de rêves et d’amour.

L’auteur, aujourd’hui maître de conférences dans une de nos facultés, s’est révélé poète à dix-sept ans. Il sortait d’une vieille petite ville bretonne où il avait été élevé avec une tendresse grave, quand il parut, presque enfant encore, dans le cercle des poètes parnassiens, chez l’éditeur Alphonse Lemerre. Il était notre cadet. Mais, laborieux et rêveur, il montrait déjà ce doux entêtement et cet idéalisme sincère qui caractérisent sa race et constituent le fond même de sa nature. À vrai dire, comme M. Renan, il n’est qu’à demi Breton, et compte par sa mère des ancêtres provençaux. « C’est pourquoi, a-t-il dit lui-même,

Né parmi les barbares du Nord,
Sous leur ciel gris hanté par le dieu de la mort,
J’aime de tant d’amour la vie et la lumière !
Et je retiens en moi, d’une souche première,
Une sève inconnue aux lieux où j’ai grandi,
La sève qui fermente au soleil du Midi.
Je suis resté ton fils, ô province romaine,
Et le vieux sang latin bleuit encor ma veine.