Page:La Vie littéraire, I.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ques jours après et que, devenu libre, il se jeta dans une aventure héroïque et malheureuse, que le patriotisme condamne, mais où il put cependant montrer tout entière l’inébranlable fermeté de son cœur.

En effet, pendant que ses anciens compagnons d’armes se massaient sur la frontière d’Espagne pour faire une guerre que réprouvent nos instincts libéraux et nos sentiments du droit des peuples, mais qui du moins n’était point impolitique ; car elle fortifia le gouvernement des Bourbons en rattachant l’armée au drapeau blanc, pendant que le duc d’Angoulême se préparait à franchir la Bidassoa à la tête de quatre-vingt mille hommes, Armand Carrel se jetait dans un bateau pêcheur qui le débarquait à Barcelone et de là se portait au cœur de la Catalogne pour s’engager comme sous-lieutenant au régiment des volontaires français, dit régiment Napoléon II, et combattre dans l’uniforme de la vieille garde, avec la cocarde tricolore, sous l’aigle impérial, pour les Cortès, contre cette armée de la Foi et ces mêmes soldats de Ferdinand VII que venaient soutenir les baïonnettes françaises, au-dessus desquelles flottaient les fleurs de lis.

Il y montra le plus ardent courage. Mais, hélas ! ce fut contre des Français. Son régiment décimé dut se fondre avec la légion italienne. Après deux jours de combats, où le corps dont il faisait partie perdit les deux tiers de son effectif, il se rendit avec ses camarades au général de Damas, qui leur laissa leurs