Page:La Vie littéraire, I.djvu/252

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qu’au ventre », qui l’aiment « pendant cette intimité chaude de chaque heure » et qui respirent « avec une jouissance de bon mâle l’odeur de sa fécondation ».

C’est là de la rhétorique brutale, mais de la rhétorique encore. D’ailleurs, tout le livre est plein de vieux épisodes mal rajeunis, la veillée, la fenaison, la noce champêtre, la moisson, les vendanges, la grêle, l’orage, déjà chanté par Chênedollé avec un sentiment plus juste de la nature et du paysan ; le semeur, dont Victor Hugo avait montré « le geste auguste » ; la vache au taureau, dont M. Maurice Rollinat a fait un poème assez vigoureux. Avez-vous lu, par hasard, le Prœdium rusticum ? C’est un poème en vers latins qu’un jésuite du xviiie siècle, composa à l’imitation de Virgile, pour les écoliers. Eh bien, le livre de M. Zola m’a fait songer à celui du P. Vanière, par je ne sais quel fond poncif qui leur est commun. Rien, dans ces pages d’un pseudo-naturaliste, ne révèle l’observation directe. On n’y sent vivre ni l’homme ni la nature. Les figures y sont peintes par des procédés d’école qui semblent aujourd’hui bien vieux. Que dire de ce notaire « assoupi par la digestion du fin déjeuner qu’il venait de faire ? », de ce curé apparu « dans l’envolement noir de sa soutane ? », de cette maison qui « était comme ces très vieilles femmes dont les reins se cassent ? », de ce « bruit doux et rythmique des bouses étalées ? », de cette « douceur berçante qui montait des grandes pièces vertes » ? Voyons-nous mieux les paysans