Page:La Vie littéraire, I.djvu/283

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fond de ruse instinctive et des ressources inattendues pour se tirer d’affaire dans les situations difficiles. (Voir sur ce point la lettre du 23 décembre 1809, page 132.)

Elle n’est pas habituée à penser par elle-même ; pourtant, à dix-sept ans, elle se permet d’avoir son avis sur ses lectures. Elle ose trouver fades les romans d’Auguste Lafontaine, qui faisaient les délices de sa belle-mère. La Pluralité des mondes lui inspire une réflexion juste.


Il faut, dit-elle après avoir lu ce livre, il faut pourtant laisser aux Français l’avantage que les Allemands n’ont pas, c’est de donner à toutes les sciences les plus abstraites et sérieuses une tournure si agréable, qu’elles plaisent même aux femmes, ce qui est le cas pour Fontenelle.


Elle a du goût pour la peinture et fait de jolies aquarelles. Elle ne s’en tient pas là.


Mes oncles, qui sont d’excellents peintres, et mon maître m’ont tellement tourmentée, que j’ai dû prendre la résolution de peindre à l’huile. J’y ai tout de suite pris du goût. Je peins un paysage bien triste qui me plaît pour cette raison.


Puis elle s’attaque à « un énorme tableau, qui représente sainte Barbe debout » et elle essaye le portrait du comte Edling. « Le comte Edling n’est pas beau, mais c’est justement dans le laid qu’on peut étudier l’art de la peinture. »

Elle chante, elle joue du clavecin, elle a même