Page:La Vie littéraire, I.djvu/308

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S’il faut s’en affliger, peut-on en être surpris ? Le latin s’est retiré du monde ; il tend à se retirer de l’école. C’est fatal. Au xviiie siècle, il était encore la langue universelle de la science. Maintenant, la science parle français, anglais, allemand. La théologie seule garde son vieil idiome ; mais elle est étroitement resserrée dans l’enceinte des séminaires et le public ne prête plus l’oreille à ses disputes. Déjà on a beaucoup diminué la place qu’occupait le latin dans les programmes. On lui a ôté ses antiques honneurs ; on l’en arrachera peu à peu par lambeaux, et sa disparition totale est certaine dans un avenir prochain que du moins nous ne verrons pas, je l’espère.

Pourtant, tout mutilé qu’il est, il reste le nerf et le muscle de l’enseignement secondaire. À la place des membres dont il est amputé, on a mis quelques branches de sciences. Il ne paraît pas que l’esprit des élèves en ait été profitablement nourri. Il y a eu à cet égard une pénible déception. Comme les méthodes des sciences passent l’entendement des enfants, on s’en est tenu aux nomenclatures qui fatiguent la mémoire sans solliciter l’intelligence. Les éléments d’histoire naturelle introduits dans les classes de lettres y ont donné, en particulier, les plus mauvais résultats.

« On peut affirmer sans crainte, dit M. H. de Lacaze-Duthiers, qu’il est peu de professeurs faisant des examens du baccalauréat ayant en grande estime le savoir des candidats au baccalauréat restreint ou au