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LA VIE LITTÉRAIRE.

cette vie courte et pleine, si généreusement dédiée à l’amitié, à l’amour, à la poésie et à la patrie, cette vie toute chaude de mâles vertus. Il fréquenta les amis d’André, les de Pange, les Trudaine, les Brézais. Il aima les femmes qu’André avait aimées ; il s’attacha aux ombres charmantes des Bonneuil, des Gouy d’Arsy, des Cosway, des Lecoulteux et des Fleury. Bien plus : il partagea les études du poète comme il en partageait les plaisirs. Le fils de Santi L’Homaca avait appris le grec avec amour et, pour ainsi dire, naturellement. Il vivait en commerce intime avec la muse hellénique et la muse latine. M. Becq de Fouquières fréquenta, sur la trace du jeune dieu, Homère et Virgile, les élégiaques latins, la pléiade alexandrine, Callimaque, Aratus, Méléagre et l’Anthologie, et Théognis et Nonnos. Il ne négligea pas les faiseurs de petits romans, les diégématistes ; il n’oublia ni Héliodore d’Émèse, ni Achille Tatius, ni Xénophon d’Antioche, ni Xénophon d’Éphèse. Il n’oublia personne, hormis toutefois Théodore Prodrome, qui composa, comme vous savez peut-être, les Aventures de Rhodate et de Dosiclès. M. Becq de Fouquières faillit en ce point. Il ne lut pas les Aventures de Rhodate et de Dosiclès. Or, c’est précisément dans ce livre, c’est à Théodore Prodrome que Chénier a emprunté un de ses chefs-d’œuvre, le Malade :

Apollon, dieu sauveur, dieu des savants mystères.