Page:La Vie littéraire, II.djvu/136

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Aussi, quand enfin il lui faut quitter sa Rome bien-aimée, il revient s’attendrir une dernière fois dans cette salle où la Muse est si belle.

Il s’écrie :

Oh ! si ses bras chéris pouvaient enfin s’ouvrir !

Je crus un instant, ajoute-t-il,

Je crus que son regard mélancolique et tendre
Pour tomber dans le mien venait de s’allumer.

Puis, étonné, honteux de son généreux blasphème, il craint d’avoir offensé la Muse.

Pardonne, pardonne, j’étais fou de tendresse ;
Et je te vis sourire à force de t’aimer !

À son retour d’Italie, Saint-Cyr de Rayssac fréquenta l’atelier d’un artiste lyonnais, bien oublié aujourd’hui, Janmot, qui s’honorait de l’amitié d’Ingres, de Flandrin et de Victor de Laprade.

C’était un peintre mystique d’une grande distinction. Il peignait des anges. Volontiers il leur donnait la figure d’une de ses élèves, âgée de seize ans, pupille de madame Janmot, née de Saint-Paulet. Cette jeune fille royaliste, catholique ardente, étudiait avec zèle la musique et la peinture, dans cet atelier où régnait le calme des sanctuaires. Saint-Cyr de Rayssac, tout plein des images de l’art italien, vit en elle un de ces anges qui, descendus du ciel, ramassaient le pinceau échappé des mains de Fra Angelico et peignaient la fresque pen-