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Page:La Vie littéraire, II.djvu/16

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iv
PRÉFACE.

la bonne voie. C’est pourquoi la route que je préfère est celle dont les ormeaux s’élèvent plus touffus sous le ciel le plus riant. Le sentiment du beau me conduit. Qui donc est sûr d’avoir trouvé un meilleur guide ?

Comme mes contradictions, on m’a passé mon innocente manie de faire à tout propos des contes avec mes souvenirs et mes impressions. Je crois que cette indulgence n’était pas mal inspirée. Un homme supérieur ne doit parler de lui-même qu’à propos des grandes choses auxquelles il a été mêlé. Autrement il semble disproportionné et, par là, déplaisant ; à moins qu’il ne consente à se montrer semblable à nous : ce qui, à vrai dire, n’est pas toujours impossible, car les grands hommes ont beaucoup de choses communes avec les autres hommes. Mais enfin le sacrifice est trop coûteux à certains génies. Combien les hommes ordinaires sont mieux venus à se raconter eux-mêmes et à se peindre ! Leur portrait est celui de tous ; chacun reconnaît dans les aventures de leur esprit ses propres aventures morales et philosophiques. De là l’intérêt qu’on prend à leurs confidences. Quand ils parlent d’eux-