Page:La Vie littéraire, II.djvu/207

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minés et silencieux, regardaient d’un œil farouche. À la porte Saint-Denis, où la, foule était épaisse ; il s’éleva quelques cris isolés de : « Vive l’empereur Alexandre ! Vivent les alliés ! » Bientôt les royalistes, qui se portaient en foule à la tête des chevaux, mêlèrent à ces vivats les cris de : « Vivent les Bourbons ! À bas le tyran ! »

À mesure que les souverains s’avançaient vers les quartiers riches, les boulevards prenaient l’aspect d’une voie triomphale. Les acclamations croissaient en nombre et en force. Aux fenêtres, aux balcons, d’où pendaient des bannières blanches faites avec des nappes et des draps de lit, des femmes élégantes agitaient leurs mouchoirs. De beaux messieurs, portant des cocardes blanches, ravis d’aise, pâmés d’admiration, s’écriaient : « Que l’empereur Alexandre est beau ! Comme il salue gracieusement ! »

Arrivés aux Champs-Elysées, où la revue d’honneur devait avoir lieu ; les souverains et le prince de Schwarzenberg se placèrent du côté droit de l’avenue, à la hauteur de l’Élysée. Les troupes défilèrent devant eux, tandis que la foule accourue des boulevards prolongeait ses vivats. Pour mieux voir le défilé, les femmes de l’aristocratie demandèrent à des officiers d’état-major de leur prêter un moment leurs chevaux. D’autres montèrent en croupe derrière les cosaques rouges de la garde.

 J’ai vu, jeunes Français, ignobles libertines,
    Nos femmes, belles d’impudeur,
 Aux regards d’un Cosaque étaler leurs poitrines
    Et s’enivrer de son odeur.