sorte de bien peuvent faire ceux qui ont vécu aux pays de l’esprit et s’y sont longtemps promenés. Je résolus pour ma part d’aller posant des bancs rustiques dans les bois sacrés et près des fontaines des Muses. Cet emploi de Sylvain modeste et pieux me convient à merveille. Il n’exige ni doctrine ni système et ne veut qu’un doux étonnement devant la beauté des choses. Que le savant du village, que l’arpenteur mesure la route et pose les bornes milliaires ! pour moi, les soins bienveillants des « repos », des « rendez-vous » et des « rêves » m’occuperont assez. Accommodée à mes goûts et mesurée à mes forces, la tâche du critique est de mettre avec amour des bancs aux beaux endroits, et de dire, à l’exemple d’Anyté de Tégée :
« — Qui que tu sois, viens l’asseoir à l’ombre de ce beau laurier, afin d’y célébrer les dieux immortels ! »