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anthologie.

dans la première des notices qui précèdent les morceaux choisis, s’est chargé de donner les raisons pour lesquelles le fils de la Grecque est représenté en tête d’un recueil réservé aux ouvrages d’un âge qu’il n’a point vu. La première raison est d’ordre chronologique. Les œuvres d’André Chénier, dit M. André Lemoyne, sont posthumes et furent publiées dans notre siècle. En effet, Latouche en donna l’édition originale en 1819. Cette raison peut paraître suffisante. On se demandera seulement si, d’après le même principe, certaines poésies de Parny, de Ducis, de l’abbé Delille, du chevalier de Boufflers, etc., publiées postérieurement à l’an 1801, ne devaient pas apporter leur contribution au nouveau recueil. Tout au moins aurait-on pu admettre un fragment de la Pitié, par exemple, le passage relatif à la captivité du petit Louis XVII au Temple. Outre que le morceau ne manque pas d’intérêt, on aurait découvert, en le lisant, une des sources où puisait le jeune Victor-Marie Hugo quand il composait ses premières odes. Mais je n’insiste pas. Il suffit qu’on n’ait rien omis d’essentiel.

La seconde raison de M. Lemoyne est d’ordre esthétique et vaut qu’on s’y arrête. La voici dans toute sa force : « André Chénier est le vrai rénovateur de la poésie française. » D’abord, il faut rendre justice à M. Lemoyne. Cette maxime ne lui appartient pas en propre : elle est courante parmi les poètes. En y réfléchissant, on est surpris qu’une idée aussi peu soutenable ait pu s’accréditer même chez des artistes étrangers à la critique et à l’histoire littéraire. La vérité est que, loin