Page:La Vie littéraire, II.djvu/285

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de cabaretiers, enfin, tout un moyen âge vu, dans l’ombre, à travers un feu de Bengale vert et rouge ; puis toutes les fiancées des ballades allemandes, des elfes, des follets, des gnomes, des fantômes, des squelettes et des têtes de mort. Les Ballades, de Victor Hugo, sont le témoignage littéraire le plus complet de ce goût puéril, dont les esquisses de Boulanger et les lithographies de Nanteuil nous offrent la représentation plastique. L’Anthologie, qui me sert de guide, a conservé très discrètement la trace de cette mode innocente jusque dans sa fureur. On en retrouve les formes et les couleurs dans une « ballade » de ce Louis Bertrand, qui signait, en bon romantique, Aloïsius Bertrand.

  O Dijon, la fille
  Des glorieux ducs,
  Qui portes béquille
  Dans tes ans caducs…

  La grise bastille
  Aux gris tiercelets
  Troua ta mantille
  De trente boulets.

  Le reître, qui pille
  Nippes au bahut,
  Nonnes sous leur grille,
  Te cassa ton luth.

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Cela ne vous semble-t-il pas assez moyen âge ? Mais le chef-d’œuvre de ce goût est assurément le prologue de Madame Putiphar.