de M. Napoléon Peyrat, né en 1809 au Mas-d’Azil, dans l’Ariège, près du torrent de l’Arise, et mort depuis peu, pasteur à Saint-Germain-en-Laye. Ce Roland, une ode dans une épître, est le joyau du romantisme. On le trouvera tout entier aux pages 258-263 de l’Anthologie Lemerre. Je n’en puis citer que deux ou trois strophes. Je le ferai sans analyse préalable et sans commentaire, me fiant en cette idée que souvent un fragment d’une belle œuvre d’art fait deviner la splendeur de l’ensemble :
L’Arabie, en nos champs, des rochers espagnols
S’abattit ; le printemps a moins de rossignols
Et l’été moins d’épis de seigle.
Blonds étaient les chevaux dont le vent soulevait
La crinière argentée, et leur pied grêle avait
Des poils comme des plumes d’aigle.
Ces Mores mécréants, ces maudits Sarrasins
Buvaient l’eau de nos puits et mangeaient nos raisins
Et nos figues, et nos grenades,
Suivaient dans les vallons les vierges à l’oeil noir
Et leur parlaient d’amour, à la lune, le soir,
Et leur faisaient des sérénades.
Pour eux leurs grands yeux noirs, pour eux, leurs beaux seins bruns,
Pour eux, leurs longs baisers, leur bouche aux doux parfums,
Pour eux, leur belle joue ovale ;
Et quand elles pleuraient, criant : « Fils des démons ! »
Ils les mettaient en croupe et par-dessus les monts
Ils faisaient sauter leur cavale.
Plus loin un trait que Victor Hugo a reproduit dans son Aymerillot :
Les âmes chargeaient l’air comme un nuage noir
Et notre bon Roland, en riant chaque soir,
S’allait laver dans les cascades.