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LA TRESSE BLONDE[1]

J’ai un ami qui vit dans la solitude, sous les pommiers du Perche. C’est Florentin Loriot qu’il se nomme. Il a l’âme exquise et sauvage. Il lit peu et médite beaucoup, et toutes les idées qui entrent dans sa tête prennent un sens mystique. Peintre et poète, il découvre des symboles sous toutes les images de la nature. Il est à la fois le plus naïf et le plus ingénieux des hommes. Il croit tout ce qu’il veut et ne croit jamais rien de ce qu’il entend. Innocent, candide, prodigieusement entêté, il se ferait hâcher pour une idée, et, s’il n’est pas martyr à cette heure, la faute en est uniquement à la douceur des mœurs contemporaines.

Quand il vient à Paris, où il ne fait que des séjours trop rares et trop courts, il apporte à ses amis, avec son sourire, des trésors de rêve et de pensée. Il arrive toujours au moment où on l’attend le moins et il est tou-

  1. Par Gilbert-Augustin Thierry. Quantin, éditeur, in-18.