ailes : « Nous sommes de petites Psychés ; ami, ne nous chasse pas d’un geste trop brusque. Un esprit immortel anime nos formes éphémères. Vois : nous cherchons Éros, Éros qu’on ne trouve jamais, Éros, le grand secret de la vie et de la mort. » Et, en définitive, c’est toujours quelqu’une de ces petites Psychés-là qui me fait mon article. Elle s’y prend, Dieu sait comment ! Mais, sans elle, je ferais pis encore.
En ce moment, alors que je lis, dans le beau livre de M. Renan, les règnes de David et de Salomon, le schisme des tribus, la victoire des prophètes, l’agonie et la mort du royaume d’Israël, alors qu’avec sa science de linguiste et d’archéologue, les souvenirs de ses voyages et surtout un sens divinateur des choses très anciennes, l’historien retrouve et me montre le pasteur nomade qui voit partout des Elohim dans les mirages du désert et quelquefois lutte toute une nuit avec l’un de ces êtres mystérieux ; restitue le Temple de Salomon, son pylône de style égyptien, ses deux colonnes d’airain à chapiteaux de gerbes de lotus, ses cheroubim d’or monstrueux comme les sphinx de Memphis et comme les taureaux à face humaine de Khorsabad et tout à l’entour, dressé sur les collines ou caché sous les bocages, l’impur hiérodule des temples phéniciens ; suit enfin à travers les siècles l’évolution du sentiment religieux chez ce peuple singulier qui passa de l’adoration d’un dieu jaloux et féroce au culte de cette providence divine dont il a finalement imposé l’idéal au monde, — pendant toute cette lecture attachante et forte qui m’intéresse, parce qu’elle est