et qu’il faut nommer à côte des meilleurs. Il siège à droite, on le sait, et se montre constamment soucieux des intérêts des catholiques. Mais, quelle que soit la force de ses opinions religieuses, sa parole n’en reçoit pas la plus légère empreinte de mysticisme. C’est un orateur d’affaires. Sa probe éloquence ne veut pas d’autre parure que l’exactitude et la force ; elle brille dans une robuste nudité. M. Buffet ne naquit pas pour sacrifier aux grâces légères. Il semble taillé dans le cœur noueux d’un chêne. Sa personne anguleuse et voûtée exprime la dignité propre à un vieux parlementaire blanchi dans les débats publics. Il a, au plus haut degré, ce qu’on appelle l’autorité. On l’écoute avant même qu’il ait parlé. Son visage est sévère, presque chagrin, avec une expression de parfaite simplicité. La tête, très forte, portée en avant, le visage osseux, tout en angles, les prunelles perçantes dans un oeil couvert, le nez recourbé, la bouche creuse, le menton saillant, il parle d’une voix comme pesante et mâchée par une bouche de fer. Son geste est celui du bûcheron qui abat les arbres. M. Buffet, lui aussi, peut être surnommé la hache de ses adversaires. Il frappe à coups égaux et sûrs. Ses défauts mêmes, une articulation lourde, un entêtement méticuleux ajoutent à la puissance de son talent. Il a la logique pressante et serrée, qui est le muscle du discours. Il a le style simple et fort, l’accent sincère, l’honnête obstination. C’est lui mieux qu’aucun autre qui doit être proposé comme modèle aux apprentis orateurs.
Je dis M. Buffet et non pas M. Jules Simon, parce que