Page:La Vie littéraire, II.djvu/364

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d’un magicien et d’un thaumaturge. À l’époque des grandes disputes religieuses, alors que chrétiens et païens opposaient les miracles aux miracles, les pères de l’Église ne nomment l’auteur de la Métamorphose qu’avec une haine mêlée d’effroi. Déjà Lactance, au milieu du IIIe siècle, s’écrie que les miracles d’Apulée se dressent en foule. Saint Jérôme place ce magicien auprès d’Apollonius de Tyane. Saint Augustin, qui le confond, peu s’en faut, nous l’avons vu, avec le héros du conte, déplore qu’un tel homme soit parfois opposé et même préféré au Christ. Pendant ce temps les adorateurs des dieux qui s’en allaient vénéraient le rhéteur de Madaura comme un de leurs derniers sages. Il était naturel qu’ils s’attachassent au philosophe qui s’était épris de tous les symboles et avait été admis à toutes les initiations. La statue d’Apulée s’élevait à Constantinople, dans le Zeuxippe, et l’Anthologie désigne en ces termes celui dont elle garde l’image : « Apulée, au regard méditatif, célèbre les silencieuses orgies de la Muse latine, lui que la Sirène ausonienne a rempli, comme son initié, d’une ineffable sagesse. » Nous avons peine à reconnaître dans ce distique l’auteur de ce petit roman magique et fort libre que je m’accuse de goûter en mes jours de déraison. Et M. Paul Monceaux nous contente mieux, quand, prenant la louange sur un ton moins haut, il nous montre cet extraordinaire Apulée sous les traits d’un habile rhéteur, beau « d’une insolente beauté méridionale », et même un peu commun, glorieux, éloquent, habile à saisir son public, trompeur se trompant