Page:La Vie littéraire, II.djvu/41

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du bon nègre ! Impérissable douceur de l’oncle Tom ! Tous pas plus grands que la main. Des bergers et des bergères, hauts comme le doigt, occupaient les abords de la grotte. Il y avait aussi des chameaux et des chameliers, un pont sur une rivière et des maisons, avec des vitres aux fenêtres, qu’on éclairait, le soir en y mettant des bougies. Cette scène répondait exactement aux besoins esthétiques d’une petite fille de six ans. Tout le temps que je restai dans l’église, j’entendis les sons d’une boîte à musique qui aidait à la contemplation.

Aussi les innocentes dames étaient-elles prises au cœur par une si gentille bergerie. Il fallait bien, pour donner de telles émotions, que ces images à demi comiques, à demi sacrées, eussent une âme, une petite âme de joujou. J’aurais mauvaise grâce à railler une naïveté dont j’avais ma part : ces bonnes âmes agenouillées et répandues devant des poupées m’ont paru charmantes. Et, si je dénonce les parties de fétichisme qui entrent dans le métal de leur orthodoxie, ce n’est pas pour déprécier un tel alliage. Je tiens de M. Pierre Lafitte, le généreux chef du positivisme, que le culte des fétiches avait du bon, et je ne crois pas, pour ma part, qu’il y ait de religion vraie sans un peu de fétichisme. Je vais plus loin : tout sentiment profond ramène à cette antique religion des hommes. Voyez les joueurs et les amoureux : il leur faut des fétiches.

Je viens de vous montrer le joujou dans le sanctuaire. Je ne serai pas embarrassé de vous le montrer encore au seuil du musée. Il appartient à la fois aux dieux