Page:La Vie littéraire, II.djvu/66

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comment sont les planètes qu’éclairent Sirius et la Polaire. Nous ne le saurons jamais. Il faut nous contenter de savoir que le soleil lointain dont ils sont nés est composé de gaz qui nous sont connus. L’unité de composition des corps célestes est certaine. Il se pourrait bien que l’univers fût, en somme, assez monotone et qu’il ne méritât pas l’incontentable curiosité qu’il nous inspire.

Dans la planète habitée par Faustus et Stella, il y a des chevaux ailés. Il est vrai qu’il ne s’en trouve pas sur la Terre, mais il s’y trouve des ailes et des chevaux, sans quoi les Grecs n’eussent pas eu l’idée de Pégase. Un Pégase, un de ces chevaux de l’air, emporte les deux amants ressuscités à travers le monde nouveau qu’ils habitent et les dépose à l’entrée d’une antique forêt. Ils s’y enfoncent, et bientôt s’ouvre devant eux une vallée où des fleurs et des fruits de toute espèce charment le goût et l’odorat. Ces fleurs et ces fruits sont la seule nourriture des habitants de cette planète.

 Nul être n’y subsiste au détriment d’autrui.

Le combat pour la vie y est inconnu. Le meurtre n’étant point la condition nécessaire de l’existence, les âmes y sont naturellement paisibles et bienveillantes. De même que la vie est établie sur notre terre de manière à engendrer constamment le crime et la douleur, l’existence n’a, dans la planète innomée, que de douces et clémentes nécessités. On n’y est pas méchant, puisqu’on n’y souffre pas et que la méchanceté est inconcevable