Page:La Vie littéraire, II.djvu/89

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d’une beauté satanique. » (P. 362.) Il est tué d’une balle au cœur, dans un duel loyal, mais terrible. Après sa mort il est encore fatalement beau. « Il était tombé élégant et correct, ainsi qu’il avait vécu. » (P. 416.)

À côté de ce héros qui a tant de « cachet », M. Ohnet se plaît à évoquer une jeune Anglaise, belle et perfide, au cœur de marbre, lady Diana. « Ses cheveux blonds brillaient comme un casque d’or. » (P. 93.) On ne pouvait soutenir « l’éclat de ses yeux bleus, clairs et durs comme l’acier. » (P. 345.) « Sa taille, élancée et souple, moulée dans son amazone, se cambrait voluptueusement. » (P. 253.) Lady Diana a pour rivale, piquant contraste, Émilie Lereboulley, une petite bossue spirituelle et tendre, ironique et généreuse. « Cette fille si disgraciée de la nature semblait avoir voulu compenser par l’élévation éclatante de son esprit la dégradation misérable de son corps. » (P. 11.) Comprenez-vous maintenant ce qui fait ma tristesse et mon dégoût, et ne sentez-vous pas que tout, même la brutalité raffinée des naturalistes, même l’obscurité tortueuse des décadents, tout enfin est préférable à cette misérable platitude.

Ces méchantes rapsodies trouvent, je le sais, des lecteurs par centaines de mille. Volonté fera les délices d’un grand nombre de personnes. Cela est digne de réflexion, et les êtres ingénieux ne manqueront pas de se demander par quel étrange mystère les abominables pauvretés que je viens de citer avec un mélange de dégoût généreux et de joie perverse se transforment, dans d’innocentes