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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/173

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ment prescrits et un seul vase de fleurs choisies selon les règles. Et les invités ne peuvent être que sobrement vêtus et de même sexe. À aucun moment on ne rit, on ne se laisse aller, tout se passe avec décorum et recueillement. Ainsi : empire sur soi-même, attention, mémoire imperturbable, réserve dans ses paroles, oubli de soi, et extrême politesse pour les autres, patience, simplicité, noblesse d’attitude et mouvements gracieux, voilà ce qu’il faut posséder pour être un ou une Cha Jin accompli. N’est-ce rien ? Et ces qualités appliquées à l’ensemble de la vie ne sont-elles pas à recommander à tout le monde et bien caractéristiques du peuple japonais ? Mais combien japonaise cette manière de pratiquer et d’enseigner les vertus austères au moyen d’une chose aussi banale qu’une tasse de thé ! C’est bien du peuple qui représente le ciel, la terre et l’enfer avec les trois masses d’un bouquet de fleurs, et la tigresse apprenant le courage à ses chatons dans l’ordonnance de ses jardins.