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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/29

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mal tenus. Il est évident que les Japonais si propres sur eux et dans leur intérieur n’ont pas l’odorat développé, les puanteurs de leurs rues, sans se comparer à celles des villes chinoises, remportent de bien loin sur celles des villes les plus sales de ma connaissance dans le Midi ou en Orient. On ne voit pas de choses répugnantes ni malpropres, mais on les sent, oh ! on les sent.

Le sens du goût n’a pas grand’chose à dire, la cuisine japonaise n’a guère de chance de s’imposer aux autres pays ; hors le poisson qui est le meilleur et le plus varié du monde, il n’y a rien de très bon qu’on regrette quand on est parti.

L’esprit occidental amené en contact avec l’esprit japonais souffre d’un malaise que l’esprit japonais paraît éprouver au même degré ; ce contact a le caractère d’un heurt, deux éléments se rencontrent sans possibilité de s’entre pénétrer, il y a malentendu perpétuel, incompréhension, froissements réciproques et recul mental. Quand vous dites quelque chose à un Japonais, sa réponse — s’il répond — n’est pas celle que vous attendiez et vous sentez que vous ne lui avez pas dit ce qu’il fallait dire. Même si la conversation se poursuit il y a une dissonance, les deux instruments ne sont pas accordés au même diapason.