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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/36

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Un des éléments les plus importants pour la connaissance de l’âme d’un peuple, c’est l’élément religieux. On n’a jamais que les dieux qu’on mérite. Qu’on les élabore ou qu’on les accepte tout faits des mains de missionnaires étrangers, on les aime toujours à son image et on se reflète fidèlement dans l’idée qu’on s’en fait. Qui s’efforce de définir son idée de la divinité, définit l’idée qu’il se fait des possibilités de sa propre nature. Qui s’empresse de bâtir un temple à un dieu étranger, montre les affinités qui existent entre son idéal et celui que représente le dieu importé. Le Japon offre les deux sources d’informations réunies : il a ses dieux anciens à lui, ceux qu’il a dû apporter de sa patrie continentale inconnue, et il est devenu bouddhiste du grand Véhicule. Shinto, c’est la voie des dieux ; Butsu Do, c’est la voie du bouddha, l’une nationale, l’autre importée et si bien fondues ensemble que presque tout Japonais appartient aux deux religions.

Le Japonais n’est pas religieux ; son attitude est celle d’un indifférent : ces choses ne le passionnent pas, il est tolérant et matérialiste. Aucunement métaphysicien, les problèmes abstraits ne l’intéressent pas. Quant à son éthique, c’est à Confucius qu’il l’a surtout empruntée. De ses deux religions, le Shinto n’a pas