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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/41

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être le fond de l’idée japonaise. Ils appellent le Nippon le pays des dieux, ils se nomment eux-mêmes fils des dieux, considérant comme divins leurs ancêtres venus jadis du ciel (?) avec le petit-fils du soleil (l’empereur) conquérir le Yamato (apparemment la première province où s’établirent les envahisseurs venus de la terre ferme). Quand ils meurent, le culte des ancêtres en fait des espèces de dieux. Le Mikado est en droite ligne le descendant du propre petit-fils de la déesse du soleil Ama Terasu, il est donc divin ; il conserve depuis le jour où son premier ancêtre humain descendit du ciel les cadeaux de sa divine grand’mère : un sabre, un miroir et un collier de pierres taillées d’une manière symbolique ; il est absolument sacré : c’est lui l’âme du Nippon. Sa dynastie règne sur le Japon depuis 660 ans avant J.-C. (disent les Japonais), mais, elle ne l’a pour ainsi dire jamais gouverné, comme on le verra au chapitre consacré à l’histoire. Quoi d’étonnant à ce que la famille impériale impose comme culte officiel du Japon une religion qui la présente à l’adoration de ses sujets comme la descendance directe du soleil ? Une religion dont la seule injonction est d’obéir à l’empereur ? De plus une religion — si c’en est une — purement nationale, familiale, personnelle, où l’on n’adore que la nature dont on a besoin et soi-même à