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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/46

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Il fallait d’abord disposer de la religion existante, la détruire ou l’amalgamer. Le bouddhisme n’a pas le génie destructeur, il ne prescrit pas de brûler les anciens dieux, il les étudie et ne tarde pas à découvrir que ce sont des Bouddhas, ou des images du Bouddha, ou quelque chose d’acceptable ; il les adopte, les transforme et les laisse sur leurs autels, il était déjà en arrivant au Japon enrichi, on pourrait même dire encombré, d’un maquis touffu de dieux hindous rehaussé d’additions chinoises. Les divinités japonaises un peu rhabillées se joignirent à la compagnie ou tombèrent dans un oubli relatif. Parfois on leur laissa leur temple à côté de celui du bouddha en les baptisant : anciens maîtres du sol. Les cérémonies shinto de la cour impériale se continuèrent comme culte des ancêtres, ce fut même le bouddhisme qui fut cause que les hymnes de l’ancienne religion reçurent leur forme écrite, et mieux encore, le nom de shinto ne fut créé que pour distinguer l’ancien culte qui n’avait jamais eu de nom du nouveau débarqué : Shinto, voie des dieux en opposition à Butsu Do, voie du Bouddha. Plus tard, pour contenter tout le monde on établit même un culte mixte appelé Ryobu Shinto, qui empruntait impartialement ses éléments aux deux cultes.

Une autre cause de la prise de possession rapide et