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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/48

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grand prophète. Ce n’est pas ici le lieu de se demander si le sage anglais aura là-bas une influence aussi durable et bienfaisante que le sage hindou ou le sage chinois.

Le bouddhisme que le Japon moderne semble répudier est d’ailleurs une forme si altérée et dégénérée que l’on n’y reconnaît presque plus les caractères même du Mahâyâna, et il avait perdu avec les siècles toute sa valeur culturale. Ce sont justement les lignes que suit la dégénérescence d’une religion donnée qui montrent l’action du caractère propre du peuple qui la pratique. Pour déterminer les facultés religieuses d’un Japonais et ses besoins métaphysiques ou sentimentaux, on pourrait comparer le bouddhisme actuel avec celui qui fut prêché au vie siècle par les missionnaires coréens. Ce qui a disparu ne convenait pas à l’âme japonaise, ce qui s’est greffé lui était propre.

Le bouddhisme au moment où il a commencé à décliner n’était pas métaphysique, il se préoccupait fort peu des hauts problèmes. Les Japonais n’ont pas ajouté un seul livre d’abstractions à ceux qu’ils ont reçus du dehors. Ils ne prennent évidemment pas plaisir à couper des cheveux en quatre. L’idée du Nirvâna qui domine tout le bouddhisme indien mais qui convenait déjà moins à la Chine est tout à fait étrangère