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Page:La Ville de Mirmont - Les Pétrels, conte paru dans La Pette Gironde, 26 sept 1940.djvu/9

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Quelques-uns, épuisés à la longue, se détachaient brusquement du groupe pour tomber, comme un coup de fusil, la tête en avant et les ailes pliées. D’autres avaient des gouttes de sang qui perlaient à leur bec et s’éparpillaient aussitôt dans le vent. Tous les plumages étaient froissés, et l’on rapporte que cette nuit-là, il neigea des duvets sur la mer. Rien ne put convaincre l’espoir têtu de la race ignorante et bornée.

Le petit nombre qui, paraît-il, survécut à cette aventure, n’a pas encore compris comment le soleil, qu’ils poursuivaient depuis la veille, les surprit par-derrière le lendemain matin. Aussi la réputation des pétrels se trouve-t-elle aujourd’hui définitivement établie.

Beaucoup, par les nuits de grand vent, s’écrasent la tête contre la lanterne éclatante des phares.


Jean
de LA VILLE DE MIRMONT