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AVANT-PROPOS

De la fin du xve siècle au milieu du xviie, a continué sa décadence ; c’est alors que, cessant graduellement d’être parlé en Basse-Bretagne par les classes supérieures, dans leurs rapports entre elles, méprise des habitants des villes, proscrit même, et relégué dans les campagnes, il est resté la langue exclusive du peuple.

Mais, au xviie siècle, ayant excité l’intérêt des érudits, il a tendu a reprendre, dans l’estime des philologues, un rang qu’il n’aurait jamais dû perdre, et a commencé d’être l’objet d’études sérieuses de leur part.

Aujourd’hui, ce n’est plus seulement l’érudition, c’est la science, le vrai talent et la critique réunis qui se sont emparé de lui pour l’étudier à fond ; et cette heureuse révolution est l’ouvrage de Le Gonidec.

En prenant la plume pour écrire sa Grammaire et son Dictionnaire breton-français, il n’eut point la prétention d’apprendre leur langue à ses compatriotes ; il voulut déraciner complètement le préjugé qui faisait regarder la langue bretonne comme un jargon barbare indigne de fixer l’attention d’une critique éclairée ; il voulut prouver qu’elle est aussi régulière, aussi méthodique que la plupart des autres langues mortes ou vivantes, et soumettre ses titres à l’examen des hommes instruits, (le but honorable et patriotique, il l’a facilement atteint : tous les amis de la vérité, ceux même d’un jugement difficile, n’ont pas hésité à le reconnaître.

Quant aux Bretons qui parlent leur langue et à qui l’usage habituel suffit sans doute, comme l’a dit Le Gonidec, il a, sans le chercher, exercé sur eux une salutaire influence ; grâce à lui, le breton est généralement parlé plus purement qu’il ne Tétait des personnes d’une condition supérieure. Il est surtout écrit avec plus d’uniformité, de méthode, de correction, d’élégance par les auteurs, et cultivé avec plus de soin qu’à aucune autre époque.

Tel a été le double résultat des travaux de Le Gonidec, tels sont ses titres à l’estime des philologues et à la reconnaissance de ses compatriotes. Je les ai déjà fait valoir, et avec de plus longs développements, dans l’Introduction du Dictionnaire français-breton, maison ne blâmera pas le disciple d’insister sur les mérites du maître.

Il me reste à dire un mot de la méthode qu’il a suivie en rédigeant la Grammaire dont cette édition est la troisième, et le Dictionnaire qui parait aujourd’hui pour la seconde fois.

Le plan de sa Grammaire est d’une heureuse simplicité : l’Introduction expose les principes de prononciation, les règles de permutation des consonnes, le moyen de distinguer les genres, que personne, avant lui, n’avait indiqués.