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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/105

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

d’un large panama à plumes blanches, une ombrelle à la main, Cécilia s’admire dans la psyché. Elle se sourit, elle s’envoie des baisers… Cette vieille de quarante-cinq ans en paraît à peine vingt-huit ; seulement, il ne faut pas s’approcher trop.

— Le coupé de madame est avancé.

— Eh ! bien, sortons.

Raide sur son siège, Lucien tient le volant de l’élégante machine qui va nous emporter dans Paris en un vol rapide.

Cécilia se hisse légèrement et s’étale sur les coussins ; je prends place à ses côtés et la voiture démarre avec un grincement sec. Nous roulons sans secousses, sur le pavé de bois humide ; il fait bon ; le soleil est moins chaud ; la rapidité de la course nous enveloppe d’une brise fraîche ; dans l’avenue, la foule des voitures passe, avec le claquement sec des sabots des chevaux ou le halètement précipité des moteurs ; sous les arbres, un peuple d’enfants s’ébat ; des cocottes se pavanent, étalant des gorges à peine recouvertes d’une mince dentelle ; des hommes les suivent, s’arrêtent, se retournent, avec cet air bête des gens qui craignent d’être vus. Et sur Paris, le soleil à