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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/110

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

qu’ils portent un sac dans leur gousset. Enfin, l’état-major, quelques vieilles barbes blanches déplumées et toussotantes qui sucent leur canne en roulant des yeux blancs et timides ; le chef d’état-major en fonctions, celui qui a la clef de l’appartement, est un personnage important qu’on voit souvent à l’Élysée. Ce qu’il est laid !

Cécilia a tenu à me mettre à l’aise, et elle a fait mon éducation. De sorte que j’ai dû apprendre par cœur le nom de tous ces messieurs, afin d’éviter les gaffes.

Puis elle m’a présentée. Très galants, les amis de Cécilia. Quelques vieux m’ont tapoté les joues, paternellement ; mais presque tous ceux de la cavalerie légère ont cru bon de me dire que j’étais jolie, très jolie même ; l’un d’eux m’a chatouillé dans le creux de la main en me regardant dans les yeux. J’ai retiré ma main et je lui ai tourné le dos. Pourquoi me gratte-t-il la paume de la main ? Je suis chatouilleuse, moi.

Presque tous les soirs, nous sommes allées au théâtre. En ce moment, Cécilia est de la pièce, et Porel ne badine pas. Quand il gueule après ses « putains », toutes se mettent à trembler.